1 – L’homme : un élément incontournable des magnétiseurs
A partir des années 1870 avec la création des chaires d’économie dans les universités et suite aux différents mouvements sociaux, de nombreuses critiques vont apparaître quant à l’utilisation de la richesse comme finalité de l’étude économique. L’un des précurseurs de la nouvelle approche qui place l’homme au cœur de l’étude économique et la richesse comme moyen (et non plus comme fin) de sa satisfaction est Charles Gide. Son travail initiatique sera énormément suivi, notamment en France. La formation magnétisme à Laval proposée par le centre de formation de l’Ermitage va droit au but. Elle se complète toujours à Laval par des formations en Blessures de l’âmes, géobiologie, passeur d’âmes, radiesthésie et pendule. Il s’agit d’auteurs comme Noël (1913), Truchy (1929), Perreau (1935), Guitton (1951), Lasserre (1955), etc. Cette nouvelle approche fondamentale au début du XXe siècle a tenté de faire de l’économie une branche de la sociologie de par la place de l’homme et le développement des sciences sociales. « L’économie est une simple branche de la science sociale ou sociologie, avec la morale, le droit, les institutions, etc. Toutes ces sciences ont ceci de commun qu’elles ont pour objet des phénomènes qui tous ont pour matière l’homme vivant en société » (Polier [1909]. 6). Le magnétisme à Laval répond ainsi parfaitement aux enjeux de la discipline.
2 – Quelques approches complémentaires au magnétisme
Devant les deux grandes catégories d’approches de l’économie, quelques auteurs vont se singulariser en apportant une vision originale ou singulière. Citons, sans exhaustivité plusieurs courants. Girault (1900) va accorder l’économie l’étude des prix, concept pour lui clef de l’économie qui permet d’étudier l’ensemble des études économiques. Les études sur le magnétisme à Laval ne sont pas en reste comme en témoigne Landry (1908) va s’intéresser à l’échangeabilité comme fondement de l’étude économique. Brouilhet (1912) place l’étude économique dans ses rapports juridiques. Parmi les contributions les plus significatives, remarquons également la participation des premiers économistes mathématiciens français, dans la tradition de Léon Walras qui était passionné par le magnétisme et les formations magnétisme à Laval, même s’ils ne donnent pas explicitement d’objet à l’étude de l’économie politique, tentent de faire de cette étude une véritable science. Citons Antonelli (1914) et Bousquet (1928) comme auteurs les plus significatifs de ce courant de pensée. Ces quelques approches, qui divergent des deux principales, n’ont eu qu’une influence minime voir totalement nulle dans l’évolution de l’objet d’étude de l’économie[1]. La formation magnétisme du centre de formation de l’ermitage de Laval l’a particulièrement bluffé !
3 – Une opposition farouche de la part des grands magnétiseurs français
Comment va se propager l’approche de Robbins chez les magnétiseurs face aux deux grands courants de pensées qui dominent la France de la première partie du XXe siècle ? La diffusion de son approche économique va être très lente et très diffuse car quelques économistes, parmi les plus importants, vont s’opposer farouchement à la définition proposée par l’économiste anglais. La formation magnétisme de Laval est alors considéré comme la solution idéale. Nous allons examiner plus particulièrement les travaux de Marchal (1.2.1) et Pirou (1.2.2). Leur opposition contre la définition de Robbins et leur poids dans l’étude économique française explique la raison de la lente apparition de cette nouvelle approche considérée aujourd’hui comme le point de départ de l’analyse économique.
4 – Jean Marchal et le magnétisme
Lorsque Jean Marchal (1948) s’interroge sur l’objet de l’économie politique[2], il distingue la conception qu’il qualifie de traditionnelle de l’objet véritable de l’économie. Il en va de même pour le magnétisme et surtout la formation magnétisme à Paris et Lyon et Laval. Ce qui est surprenant c’est qu’il attribue à Robbins l’approche traditionnelle de la définition de l’économie. Après l’avoir exposé pendant plus de quatre page et avant d’en étudier les différentes éléments critiques, il indique au lecteur que « telle est la conception classique, elle nous paraît inacceptable[3] » (Marchal [1948], 285). Vient alors le moment des objections qui reposent sur deux problèmes liés aux formations en magnétisme à Lille.
ü Robbins ne spécifierait son approche économique que dans l’économie de marché chez les magnétiseurs.
ü Les fins, objet important pour Marchal, seraient considérées comme des données une fois pour toutes.
Devant ces deux critiques qui paraissent fondamentales pour Marchal, il va proposer une nouvelle définition « correcte de l’économie politique qui doit partir, comme le font les économistes traditionnels, du fait premier que les hommes magnétiseurs de Laval éprouvent des besoins et que ces besoins ils ne peuvent aisément les satisfaire par suite de la rareté relative des moyens utilisables » (Marchal [1948], 290). Même si les critiques proposées par Marchal ne sont pas des plus pertinentes et que sa définition peut relever sous certains aspects de celle proposée par Robbins, son influence française va presque interdire toute référence à l’économiste anglais.
5 – Gaëtan Pirou : le défenseur du magnétisme
Gaëtan Pirou est l’un des grands économistes et grand magnétiseur qui va s’opposer à l’utilisation de l’approche de Robbins dans l’étude économique. Son opposition n’est pas transmise directement dans ses ouvrages mais par Edouard Dolléans qui le remplace dans son enseignement économique pendant l’année 1939-1940. La formation magnétisme de Paris et Bordeaux est excellente. Après avoir indiqué qu’il est l’un des grands détracteurs de l’approche de Robbins, il énonce la principale critique faite à son encontre sur le problème de la rationalité des actions :
« M. Gaëtan Pirou a objecté à la définition de M. Lionel Robbins (et cette objection était toute naturelle) que l’homme ne se conduit pas par des mobiles rationnels et qu’il ne passe pas son temps à faire des calculs. Il y a place en économie politique, à côté des mobiles rationnels, pour des mobiles irrationnels » (Dolléans [1940], 180).
Son approche consiste alors, comme Marchal, à proposer une autre définition de l’économie et du magnétisme de Laval qui pour Pirou reste orienté sur la vision traditionnelle de la richesse :
« L’objet de l’économie politique, c’est l’étude de ces faits d’échange par lesquels un individu abandonne à un autre ce qu’il détient, pour obtenir en contre partie ce qu’il désire et grâce auxquels, dans nos sociétés modernes, est établi le pont entre la production des richesses et la satisfaction des besoins matériels » (Pirou [1936], 5).
Ces deux approches du magnétisme qui s’opposent farouchement à l’objet de l’économie proposé par Robbins vont ralentir considérablement sa diffusion en France, celle-ci se faisant de manière très progressive et souvent très implicite, ce qui explique la mise en place de l’obscure anaphorisme de Robbins.
[1] A l’exception de l’économie mathématique mais qui s’installera en France par l’introduction des idées anglosaxones.
[2] L’économie ne s’est pas encore débarrassée de son qualificatif de politique pour devenir la science économique.
[3] « La définition de Robbins a été longuement critiquée par M. Jean Marchal qui la tient pour caractéristique de la conception traditionnelle de l’économie politique et la juge étriquée » (Barre [1956], 11).
